Babel : l'histoire très actuelle d'un monde qui pointe vers le ciel son index immobile. Le génie Uranien a été compris d'une façon déjà : l'effort prométhéen pour dérober le feu du ciel.
Attendez-vous à des répercussions prochaines, car le ciel n'est pas disjoint de la Terre. Avec la spirale ascendante du siècle, le lien entre l'émotion humaine à l'orée du futur bi-millénaire et les déchaînements climatiques en retour va croissant. On trouvera exposées dans l'instantanéité planétaire des manifestations essentielles du temps : la fixité solaire, l'extase calorifique, l'intensité des luminaires, l'extrémité glaciale, le vertige des danses aqueuses, le tremblement des terres.
Nous assisterons peut-être à un spectacle rarissime dans l'histoire du globe planétaire : le retour des entrailles de la Terre, et cri de la nature entière piquée par une espèce venimeuse et humaine qui le logeait en son sein.
Apothéose surnaturelle : l'illusion existante cachée par le mot " Dieu " ou " progrès ", s'estompe.
C'est du haut d'une tour branlante, que l'être humain figé contemple son ombre sous le soleil, et erre dans une vibration intermédiaire.
L'être humain sera-t-il autrement capable de cesser d'attirer à lui l'ombre de tous les espaces, et le ressentiment de toutes autres espèces.
L'est-il aujourd'hui même ?
Les multinationales : un édifice dont la première pierre est en haut. Sans transition, c'est passer de la base de la pyramide à son sommet, de la race tribale à la hiérarchie structurelle des pantins d'un pouvoir : ascension un peu rude, manifestant l'envers du temps. Notre héritage humaniste a été bien gagné . Par des constructions matérielles, on imagine en notre temps préfigurer l'an deux mille, et par une politique du Tout nucléaire et Tout pétrole, palier avec la plus grande légèreté au champ idéo-visuel. La violence et la guerre ne sont à leur tour qu'une façon nouvelle, vibratoire ment neutre, banalisée comme une chose simple, la sempiternelle interjection : " Venez un peu voir ce que là j'ai découvert " .
Ainsi on a la doctrine urbaniste, qui marie les étages, fait vivre les uns sur les autres, première des stériles extériorités qui font qu'un ignorant croit qu'en vivant avec la mode et la standardisation, il vit dans la multidimensionnalité.
Ainsi on a la doctrine de la prolifération, qui prétend diffuser la chaleur humaine par le biais de la surpopulation. Tristes écarts !
Les moyens d'être sur plusieurs plans à la fois sont là, les ingénieuses inventions, cadeaux de Big-Brother, mais le temps d'en trouver une non-violente utilisation, le monde en marche des robots et médias aura frappé l'être humain d'une marque au fer rouge de la stérilité .
Comment s'annonce le troupeau ?
Depuis un siècle ou deux on annonce la doctrine de la récupération, pour que des travailleurs entraînés fassent de leur usure, de leurs déchets même un rendement ; extase procréatrice qui viserait à galvaniser la jouxte de la mort contre la vie qu'on lui retire. Hôpitaux, progrès chirurgicaux et défoliants plus nombreux, syndicats et loisirs, pour chercher l'excédent des personnes qui croupissent en prison. L'âge des réalisations spirito-humaines a été contracté par sa défiguration matérielle, et tout l'occident se sait à la queue d'une comète, pressent la démesure entre ce qu'il ingère et sa forme actuelle. Les éléments les plus indigestes, pour les personnes nées à la deuxième moitié du siècle, seront venus les premiers.
Le monde est tant apeuré d'être emporté dans un véhicule qui roule à tombeau ouvert, qu'il a la peine de se les masquer toutes...
Texte extrait (page 85 et 86) de mon essai La nouvel Ere ou la Porte du Temps
Richard Sadok et Paul Eric Pierre Lafay